Le bulletin n°32 d’avril-mai-juin est en ligne !


Dans ce nouveau numéro de votre bulletin FENOP-Info n°32 vous trouverez :

Un édito sur la campagne agricole 2018-2019 intitulé Rompre avec les habitudes ;

Un entretien avec M. Issifou GANOU, secrétaire exécutif de l’Observatoire National du Foncier ;

Une fiche technique sur l’Attestation de Possession Foncière Rurale ;

Un article sur le lien entre la sécurisation foncière et la pratique agro-écologique ;

Un article sur les témoignages des femmes sur leur accès à la terre intitulé Femmes et accès à la terre ;

Un entretien avec le chef coutumier de Yahika sur la question foncière ;

Des brèves.

Bonne lecture !

Le bulletin n°32 d’avril-mai-juin est en ligne !

Dans ce nouveau numéro de votre bulletin FENOP-Info n°32 vous trouverez :

Un édito sur la campagne agricole 2018-2019 intitulé Rompre avec les habitudes ;

Un entretien avec M. Issifou GANOU, secrétaire exécutif de l’Observatoire National du Foncier ;

Une fiche technique sur l’Attestation de Possession Foncière Rurale ;

Un article sur le lien entre la sécurisation foncière et la pratique agro-écologique ;

Un article sur les témoignages des femmes sur leur accès à la terre intitulé Femmes et accès à la terre ;

Un entretien avec le chef coutumier de Yahika sur la question foncière ;

Des brèves.

Bonne lecture !

Le bulletin n°31 de Janvier-Février-Mars 2018 est en ligne!


Dans ce nouveau numéro de notre bulletin FENOP-Info n°31 vous trouverez :

– Un édito intitulé Paysans sans terre ? ;

– Une présentation de la loi sur le foncier ;

Un article sur la sécurisation foncière intitulé  » 225 femmes ont accès à la terre  » ;

– Un article sur les grandes leçons tirées sur les aménagements hydrauliques de Bagré, Sélingué et Anambé ;

– Un entretien avec le coordonnateur de l’APAD Sanguié sur la promotion des semences paysannes ;

– Et, en brèves, les ateliers organisés par la FENOP les 28 et 29 mars 2018 à Bobo Dioulasso.

Bonne lecture !

Le bulletin n°31 de Janvier-Février-Mars 2018 est en ligne!

Le bulletin « Spécial semences » d’octobre 2017 est en ligne !


Dans ce hors-série « Spécial semences » amplifié vous trouverez :

– Une carte blanche au Professeur Jean-Didier Zongo ;

Des définitions pour mieux comprendre ;

Les enjeux que représentent les semences, pierres angulaires de toute action agroécologique;

De la production à la conservation des semences ;

– Quelques repères historiques ;

– La législation en vigueur ;

– Des ressources bibliographiques pour aller plus loin.

Bonne lecture !

FENOP Info hors série « Spécial semences » d’octobre 2017

Dans ce hors-série « Spécial semences » amplifié vous trouverez :

– Une carte blanche au Professeur Jean-Didier Zongo ;

Des définitions pour mieux comprendre ;

Les enjeux que représentent les semences, pierres angulaires de toute action agroécologique;

De la production à la conservation des semences ;

– Quelques repères historiques ;

– La législation en vigueur ;

– Des ressources bibliographiques pour aller plus loin.

Bonne lecture !

Le bulletin n°28 de Janvier – Février – Mars 2017 est en ligne !


Dans ce nouveau numéro de FENOP-Info vous trouverez :
-un édito qui fait écho aux problèmes récurrents des barrages qui se détériorent ;
– un article qui s’arrête sur les préoccupations des transformatrices de produits locaux ;
– un article qui revient sur les difficulté d’accès à la terre pour les femmes rurales ;
– une fiche technique sur l’association de différentes cultures pour lutter contre les ravageurs ;
– un article sur les 20 ans d’existence de la FENOP ;
– un article sur une initiative locale pour lutter contre l’exode rurale à Kokologho ;
– un article sur les liens qui unissent la FENOP et TrustAfrica ;
– Quelques brèves pour terminer.

FENOP – Info N°28 Janvier – Février – Mars 2017

Le bulletin n°27 de Octobe – Novembre – Décembre 2016 est en ligne !


Dans ce numéro 27 de FENOP-INFO, vous trouverez :

– Un édito sur  les 20 ans d’existence de la FENOP, au service du monde rural ;

– Un article sur un atelier régional organisé par la COPAGEN invitant des organisations paysannes et de la société civile du Sahel à réfléchir sur les problématiques de l’agro-écologie et des semences paysannes dans les stratégies de développement agricole ;

– Un article sur la célébration de la journée Internationale de la  Femme Rurale à Kaya, avec la participation de deux femmes sud-américaines, venues soutenir leurs paires dans la lutte pour l’accès des femmes à la terre ;

– Un article sur la participation de la FENOP à des rencontres d’échanges entre la société civile et les élus locaux de Bama et de Bobo Dioulasso, dans le but de convaincre les autorités locales à s’engager dans la promotion des petites exploitations familiales agricoles ;

– Une fiche technique pour la préparation d’un insecticide naturel à base de piment, d’ail et d’oignon ;

– Un interview de M. SAWADOGO Mathieu, Directeur de l’Association pour le Recherche et la Formation en Agro-écologie (ARFA), à l’occasion de ses 20 ans d’existence ;

– Quelques brèves sur la participation de la FENOP à des évènements d’envergure nationale ou internationale.

FENOP-Info N°27 Octobre – Novembre – Décembre 2016

Déclaration du Forum International sur l’agroécologie


Du 24 au 27 février 2015, s’est tenu à Sélingué au Mali le Forum International sur l’Agro-écologie, à l’initiative de la Via Campesina, et de la Coordination Nationale des Organisations Paysannes du Mali (CNOP-Mali). C’est le Centre Nyéléni, du nom de cette agricultrice de Ségou devenue le symbole de l’engagement des femmes dans la vie sociale malienne, qui abrite cette rencontre depuis 2007. Ils étaient plus de 300 délégués et principaux investisseurs dans l’agriculture venant de 45 pays pour représenter diverses organisations et mouvements internationaux de petits producteurs. L’ensemble de cette diversité d’acteurs paysans s’est réuni pour développer une compréhension commune et de partage sur l’agro-écologie comme élément clé pour la construction de la souveraineté alimentaire, afin d’évoluer vers des stratégies communes pour la promotion de l’agro-écologie. Voici leur déclaration finale.

Nous sommes des délégué(e)s représentant diverses organisations et mouvements internationaux de petits producteurs d’aliments et de consommateurs, comprenant des paysans, des communautés et peuples autochtones (y compris des chasseurs et des cueilleurs), des agriculteurs familiaux, des travailleurs ruraux, des éleveurs et pasteurs, des artisans-pêcheurs et des urbains. Ensemble, les divers secteurs que représentent nos organisations produisent près de 70 % des aliments consommés par l’humanité ; ils constituent à ce titre les premiers investisseurs dans l’agriculture au niveau mondial et les principaux pourvoyeurs d’emplois et de moyens d’existence de par le monde.

Du 24 au 27 février 2015, nous nous sommes réuni(e)s dans le Centre Nyéléni, à Sélingué (Mali), pour développer une compréhension commune et partagée de l’agroécologie comme élément clé de la construction de la Souveraineté Alimentaire, ainsi que pour développer des stratégies conjointes visant à promouvoir l’agroécologie et éviter sa récupération par d’autres acteurs.

Nous exprimons notre gratitude à l’endroit du peuple malien, qui nous a accueilli(e)s dans ce beau pays. Il nous a appris, par son exemple, que le dialogue des nombreuses formes de savoirs repose sur une écoute respectueuse et sur une construction collective des décisions partagées. Nous exprimons notre solidarité avec nos sœurs et frères maliens qui luttent – parfois au prix de leur vie – pour défendre leurs territoires de la récente vague d’accaparement des terres qui affecte tant de nos pays. L’agroécologie implique que nous sommes unis dans le cercle de la vie, ce qui signifie que nous devons aussi être unis dans nos luttes contre l’accaparement des terres et la criminalisation de nos mouvements.

CONSTRUIRE SUR LE PASSÉ ET SE TOURNER VERS L’AVENIR

Nos peuples, nos secteurs, nos organisations et nos communautés ont déjà parcouru beaucoup de chemin dans la définition de la Souveraineté Alimentaire comme porte-drapeau des luttes solidaires pour la justice et comme cadre élargi pour l’agroécologie. Nos systèmes de production ancestraux se sont développés sur des millénaires et ont pris le nom d’agroécologie au cours des 30 à 40 dernières années. L’agroécologie telle que nous l’entendons inclut des pratiques et une production performantes ; elle implique des processus de paysan à paysan, ancrés dans nos territoires, nos centres de formation ainsi que les structures théoriques, techniques et politiques sophistiquées que nous avons développées.

En 2007, beaucoup d’entre nous nous étions réuni(e)s ici même, à Nyéléni, à l’occasion du Forum mondial sur la Souveraineté Alimentaire, afin de renforcer nos alliances, mais aussi d’élargir et d’approfondir notre compréhension de la Souveraineté Alimentaire, par le biais d’une construction collective orchestrée par nos divers secteurs. C’est dans le même esprit que nous nous rassemblons ici, en 2015, pour le Forum sur l’agroécologie, afin d’enrichir le concept et la pratique de l’agroécologie au travers d’un dialogue incluant une diversité d’acteurs impliqués dans la production d’aliments, ainsi que des consommateurs, des communautés urbaines, des femmes, des jeunes, entre autres acteurs. Aujourd’hui, nos mouvements, organisés au niveau mondial et régional au sein du Comité International de Planification pour la Souveraineté Alimentaire (CIP), franchissent une nouvelle étape historique.

La diversité des formes de production d’aliments à petite échelle qui recourent à des processus écologiques génère des savoirs locaux, promeut la justice sociale, garantit à l’épanouissement de la culture et de l’identité et renforce la viabilité économique des zones rurales. Les petits producteurs défendent notre dignité lorsque nous choisissons de produire de manière agroécologique.

SURMONTER DES CRISES MULTIPLES

Nous considérons l’agroécologie comme une forme de résistance majeure à un système économique qui place le profit avant la vie. L’agroécologie est la solution pour transformer et réparer la réalité matérielle d’un système agroalimentaire et d’un monde rural dévastés par le modèle de production industrielle et les dénommées Révolutions Verte et Bleue dont il est assorti.

Le modèle des entreprises du secteur agroalimentaire mène à une surproduction d’aliments qui nous empoisonnent, détruit la fertilité des sols, déboise les zones rurales, contamine l’eau et provoque l’acidification des océans, anéantissant par là même les activités de la pêche. Les ressources naturelles essentielles sont transformées en marchandises, tandis que l’augmentation des coûts de production force les petits producteurs à abandonner leurs terres. Les semences des paysans leur sont volées puis revendues à des prix exorbitants, et transformées en variétés dépendantes de produits agrochimiques polluants et onéreux. Le système alimentaire industriel est un des principaux vecteurs des crises multiples du changement climatique, de l’alimentation, de l’environnement et de la santé publique, entre autres. Les accords de libre-échange et d’investissement, les mécanismes de règlement des différends entre investisseurs et États, les fausses solutions, telles que les marchés de carbone, ainsi que la financiarisation croissante des terres et de la nourriture ne font qu’aggraver ces crises. L’agroécologie, dans le cadre de la Souveraineté Alimentaire, nous offre une voie de sortie collective à ces multiples crises.

L’AGROÉCOLOGIE À LA CROISÉE DES CHEMINS

Le système alimentaire industriel commence à épuiser son potentiel productif et sa capacité à générer des profits en raison de ses contradictions internes – telles que la dégradation des sols, l’apparition d’adventices résistantes aux herbicides, l’épuisement des stocks halieutiques, la dévastation des plantations de monoculture par les insectes et les maladies – et de ses conséquences négatives, de plus en plus visibles, telles que les émissions de gaz à effet de serre, la crise sanitaire de la malnutrition, l’obésité, le diabète, les maladies du colon et les cancers induits par une alimentation d’origine industrielle et malsaine.

À la faveur de la pression citoyenne, de nombreuses institutions multilatérales, gouvernements, universités et centres de recherche, ONG et entreprises, entre autres, ont fini par reconnaître l’agroécologie. Cependant, ces acteurs ont essayé de la réduire à un ensemble limité de technologies, pour offrir des outils qui semblent atténuer la crise de la durabilité provoquée par l’agriculture industrielle, mais qui se conforment aux structures de pouvoir en place. Cette récupération de l’agroécologie pour perfectionner le système alimentaire industriel tout en proclamant un attachement de pure forme aux questions environnementales revêt plusieurs noms, dont « l’agriculture intelligente face au climat», « l’intensification durable ou écologique » ou « la production industrielle de monocultures d’aliments « bio » ». Pour nous, ces formes de production ne représentent pas l’agroécologie : nous les rejetons et nous nous battrons pour dénoncer et faire obstacle à cette appropriation insidieuse de l’agroécologie.

La vraie solution aux crises du climat et de la malnutrition, entre autres, ne passera pas par la conformation au modèle industriel, mais plutôt par la transformation et la construction de nos propres systèmes alimentaires locaux, qui créent de nouveaux liens entre la ville et la campagne. Cette transformation est fondée sur la production agroécologique d’aliments, telle que pratiquée notamment par les petits producteurs, les artisans-pêcheurs, les pasteurs, les peuples autochtones et les agriculteurs en milieu urbain. Nous ne pouvons pas permettre que l’agroécologie devienne un outil au service du modèle industriel de production alimentaire. Nous envisageons l’agroécologie comme la principale alternative à ce modèle et comme un moyen de transformer, afin d’améliorer, la manière dont sont produits et consommés les aliments pour l’humanité et la Terre Mère.

LES PILIERS ET PRINCIPES COMMUNS DE L’AGROÉCOLOGIE TELLE QUE NOUS L’ENTENDONS

L’agroécologie est un mode de vie ; c’est la langue de la Nature, que nous apprenons en notre qualité d’enfants de cette dernière. Ce n’est pas un simple ensemble de technologies ou de pratiques de production. L’agroécologie ne peut pas être appliquée de la même manière partout. Bien au contraire, l’agroécologie est fondée sur des principes qui, bien que pouvant être semblables sur un large éventail de nos territoires, peuvent et sont appliqués de nombreuses façons différentes, chaque secteur contribuant selon ses spécificités à la réalité et à la culture locales, tout en respectant, en toutes circonstances, la Terre Mère et les valeurs communes que nous partageons.

Les pratiques de production qui caractérisent l’agroécologie, telles que la culture intercalaire, la pêche traditionnelle et le pastoralisme nomade, l’intégration des cultures, des arbres, du bétail et des poissons, l’utilisation de fumier, du compost, des semences locales, des races animales locales, etc., se fondent sur des principes écologiques tels que le développement de la vie des sols, le recyclage des nutriments, la gestion dynamique de la biodiversité et la conservation de l’énergie à de multiples échelles. L’agroécologie réduit de manière considérable l’utilisation faite des intrants externes qui doivent être achetés auprès de l’industrie. L’agroécologie n’utilise pas les produits agrotoxiques, les hormones artificielles, les OGM ou les nouvelles technologies dangereuses.

Les territoires constituent un pilier fondamental de l’agroécologie. Les peuples et les communautés ont le droit de maintenir les relations spirituelles et matérielles qu’ils entretiennent avec leurs terres ; de défendre, développer, contrôler et reconstruire leurs structures sociales coutumières ; d’administrer, aussi bien d’un point de vue politique que social, leurs terres et leurs territoires, y compris leurs fonds de pêche. Ceci implique la pleine reconnaissance de leurs lois, traditions, coutumes, systèmes fonciers et institutions et suppose également la reconnaissance de l’autodétermination et de l’autonomie des peuples.

Les droits collectifs et l’accès aux biens communs et communautaires sont un autre pilier essentiel de l’agroécologie. Nous partageons l’accès à des territoires qui hébergent de nombreux groupes différents, et disposons de systèmes coutumiers sophistiqués en matière de règlementation des accès et d’évitement des conflits, que nous voulons préserver et renforcer.

Les divers savoirs et manières de savoir de nos peuples sont fondamentaux pour l’agroécologie. Nous développons nos manières de savoir par le biais d’un dialogue des savoirs. Nos processus d’apprentissage, qui se développent dans nos propres centres de formation et sur nos territoires (où des paysans forment des paysans, des pêcheurs forment des pêcheurs, etc.), sont horizontaux et menés de pair à pair, et se basent sur l’éducation populaire. Ils sont aussi intergénérationnels et permettent la transmission des connaissances entre générations. L’agroécologie est développée au travers de nos propres innovations, recherches et méthodes de sélection et d’amélioration des espèces cultivées et des races animales.

Nos cosmovisions reposent sur l’équilibre nécessaire entre la nature, le cosmos et les êtres humains. Nous reconnaissons qu’en tant qu’humains, nous ne sommes qu’un élément de la nature et du cosmos. Nous partageons un lien spirituel avec nos terres et l’ensemble du monde vivant. Nous aimons nos terres et nos peuples, et, sans cela, nous ne pouvons défendre notre agroécologie, lutter pour nos droits ou nourrir le monde. Nous rejetons la marchandisation de toutes les formes de vie.

Les familles, les communautés, les collectifs, les organisations et les mouvements constituent le sol fertile dans lequel l’agroécologie se développe. C’est grâce à l’auto-organisation et à l’action collectives qu’il est possible de démultiplier et développer l’agroécologie sur une plus grande échelle, de construire des systèmes alimentaires locaux et de défier le contrôle des grandes entreprises sur notre système alimentaire. La solidarité entre les peuples, entre les populations rurales et urbaines, est un ingrédient essentiel.

L’autonomie de l’agroécologie inverse le contrôle des marchés mondiaux et favorise l’autogestion par les communautés. Cela signifie que nous réduisons l’utilisation des intrants extérieurs et implique de repenser les marchés pour les baser sur les principes de l’économie solidaire et de l’éthique de la production et de la consommation responsables. Ce concept d’autonomie promeut des circuits courts équitables et la vente directe. Cela suppose des relations transparentes entre producteurs et consommateurs, fondées sur une solidarité basée sur le partage des risques et bénéfices.

L’agroécologie est politique ; elle nous demande de remettre en cause et de transformer les structures de pouvoir de nos sociétés. Nous devons placer le contrôle des semences, de la biodiversité, des terres et territoires, de l’eau, des savoirs, de la culture, des biens communs et des espaces communautaires entre les mains de celles et ceux qui nourrissent le monde.

Les femmes, avec leurs connaissances, leurs valeurs, leur vision et leur leadership, sont essentielles pour aller de l’avant. Si les migrations et la mondialisation supposent une augmentation des travaux qui incombent aux femmes, ces dernières disposent d’un accès aux ressources bien moindre que les hommes. Bien trop souvent, leur travail n’est ni reconnu, ni apprécié à sa juste valeur. Pour que l’agroécologie atteigne son plein potentiel, le pouvoir, les tâches, la prise de décisions et la rémunération doivent être répartis de manière égale.

Les jeunes, ainsi que les femmes, constituent l’une des deux principales bases sociales de l’évolution de l’agroécologie. L’agroécologie peut fournir un espace radical permettant aux jeunes de contribuer à la transformation sociale et écologique enclenchée dans nombre de nos sociétés. Les jeunes sont responsables de faire évoluer, à l’avenir, les savoirs collectifs reçus de leurs parents, de leurs aînés et de leurs ancêtres. Ils sont les garants de l’agroécologie pour les générations futures. L’agroécologie doit susciter une dynamique sociale et territoriale qui crée des opportunités pour les jeunes en milieu rural et valorise le leadership des femmes.

STRATÉGIES

I. Promouvoir la production agroécologique par le biais de politiques qui :

1. Adoptent une approche territoriale et holistique des questions sociales, économiques et portant sur les ressources naturelles

2. Sécurisent l’accès aux terres et aux ressources pour favoriser l’investissement à long terme des petits producteurs d’aliments

3. Garantissent une approche fondée sur l’inclusivité et la reddition de comptes de la bonne gestion des ressources, de la production d’aliments, des politiques de marchés publics, de l’infrastructure urbaine et rurale et de la planification urbaine

4. Encouragent des processus de planification décentralisés et réellement participatifs, conjointement aux autorités et administrations locales pertinentes

5. Promeuvent des règlements sanitaires et d’assainissement ne discriminant pas les petits producteurs et transformateurs d’aliments pratiquant l’agroécologie

6. Promeuvent des politiques qui intègrent les aspects de santé et de nutrition de l’agroécologie et des médecines traditionnelles

7. Garantissent l’accès des pasteurs aux pâturages, aux voies de migration, aux sources d’eau, ainsi qu’aux services mobiles tels que ceux de santé, d’éducation et les services vétérinaires

8. Respectent et soutiennent les droits coutumiers sur les espaces communautaires. Garantissent les droits collectifs des paysans et des peuples autochtones à utiliser, échanger, améliorer, sélectionner et vendre leurs propres semences

9. Attirent la jeunesse vers la production agroécologique d’aliments et la soutiennent dans cette activité en renforçant leur accès aux terres et aux ressources naturelles et en leur garantissant un revenu juste, ainsi que l’échange et la transmission des connaissances.

10. Soutiennent la production agroécologique en milieu urbain et périurbain

11. Protègent les droits des communautés qui pratiquent la cueillette, la chasse et la pêche dans leurs territoires traditionnels et encouragent la restauration écologique et culturelle de leur abondance passée

12. Garantissent les droits des communautés de pêcheurs

13.  Mettent en œuvre les Directives sur le foncier du Comité de la sécurité alimentaire mondiale et les Directives sur la pêche artisanale de la FAO

14.  Garantissent le droit à une vie digne des travailleurs ruraux, y compris une véritable réforme agraire et une formation en agroécologie.

II. Partager les connaissances et les savoirs

1. Échanges horizontaux (de paysan à paysan, de pêcheur à pêcheur, de pasteur à pasteur, de consommateur à consommateur, etc.) et échanges entre générations et entre différentes traditions, en incluant les nouvelles idées. Pour cela, la priorité devra être donnée aux femmes et aux jeunes

2. Un contrôle des peuples sur les priorités de la recherche, ses objectifs et sa méthodologie

3. La systématisation des expériences pour apprendre de la mémoire historique et construire sur cette dernière

III. Reconnaître le rôle central des femmes

1. Lutter pour l’égalité des droits des femmes dans toutes les sphères de l’agroécologie, y compris les droits du travail et des travailleurs, l’accès aux biens communs et aux espaces communautaires, l’accès direct aux marchés et le contrôle des revenus

2. Toutes les étapes de la formulation jusqu’à la planification et l’application des programmes et projets doivent compter avec la pleine participation des femmes, en leur attribuant des rôles dans la prise de décisions

IV. Construire l’économie locale

1. Promouvoir les marchés locaux de produits locaux

2. Soutenir le développement d’infrastructures, institutions et mécanismes de financement alternatifs pour soutenir producteurs et consommateurs

3. Reconfigurer les marchés alimentaires par le biais de nouvelles relations de solidarité entre producteurs et consommateurs

4. Faire le lien avec l’expérience de l’économie solidaire et les systèmes de garantie participatifs, le cas échéant

V. Développer et diffuser notre vision de l’agroécologie

1. Développer un plan de communication pour notre vision de l’agroécologie

2. Promouvoir les aspects de santé et de nutrition liés à l’agroécologie

3. Promouvoir l’approche territoriale de l’agroécologie

4. Promouvoir des pratiques permettant aux jeunes de faire progresser le renouvellement permanent de notre vision de l’agroécologie

5. Promouvoir l’agroécologie comme moyen principal pour réduire les pertes et les gaspillages alimentaires dans le système alimentaire

VI. Construire des alliances

1. Consolider et renforcer les alliances existantes telles que celles tissées dans le cadre du Comité International de Planification pour la Souveraineté Alimentaire (CIP)

2. Élargir notre alliance pour inclure d’autres mouvements sociaux et des instituts et organismes de recherche publics

VII. Protéger la biodiversité et les ressources génétiques

1. Protéger, respecter et garantir la bonne gestion de la biodiversité

2. Reprendre le contrôle des semences et du matériel de reproduction et faire appliquer le droit des producteurs à utiliser, vendre et échanger leurs propres semences et races animales

3. Veiller à ce que les communautés de pêcheurs jouent un rôle central dans la gouvernance des eaux marines et continentales

VIII. Refroidir la planète et s’adapter au changement climatique

1. Garantir que les institutions internationales et les gouvernements reconnaissent l’agroécologie telle qu’elle est définie au présent document, à savoir comme la solution numéro un pour faire face et s’adapter au changement climatique et non pas « l’agriculture intelligente face au climat » ou d’autres fausses versions de l’agroécologie

2. Identifier, documenter et partager les bonnes expériences d’initiatives locales en matière d’agroécologie qui s’attaquent au changement climatique

IX. Dénoncer et lutter contre la mainmise des entreprises et des institutions sur l’agroécologie

1. Lutter contre les tentatives des entreprises et des institutions pour s’approprier l’agroécologie comme un moyen de promouvoir les OGM et les autres fausses solutions et nouvelles technologies dangereuses

2. Divulguer les intérêts des entreprises se cachant derrière les solutions techniques telles que l’agriculture intelligente face au climat, l’intensification durable, et le « perfectionnement » de l’aquaculture industrielle

3. Lutter contre la marchandisation et la financiarisation des avantages écologiques de l’agroécologie

Nous avons construit l’agroécologie au travers de nombreuses initiatives et luttes et avons à ce titre la légitimité d’orienter et d’organiser son développement à l’avenir. Les décideurs ne peuvent pas avancer dans le domaine de l’agroécologie sans nous. Ils doivent respecter et soutenir nos processus agroécologiques, plutôt que continuer à soutenir les forces qui nous détruisent. Nous exhortons chacun et chacune à nous rejoindre dans la tâche collective consistant à forger l’agroécologie comme un élément des luttes de nos peuples afin de construire un monde meilleur, un monde basé sur le respect mutuel, la justice sociale, l’équité, la solidarité et l’harmonie avec notre Terre mère.

source : www.viacampesina.org

18/03/15

Changement climatique : des feuilles mortes pour redonner vie à la terre


Lankoandé Tani Pauline ne peut s’empêcher d’afficher un sourire quand elle parcourt son champ à maturité. C’est presque inespéré de produire autant de sorgho, de niébé et d’arachide sur une terre aussi dégradée à Sagabou dans l’une des régions les plus hostiles du Burkina Faso, l’Est du pays. « Aujourd’hui quand je parcours mon champ en maturité, c’est difficile de contenir ma satisfaction. Cette année les récoltent s’annoncent bonnes. Déjà mon silo de niébé est rempli et la récolte n’est même pas encore finie », explique Tani Lankoandé en souriant.

L’agroécologie soutenue par nos confrères du Mali : le bulletin Nyéléni disponible en ligne


Par qui est produit ce bulletin Nyéléni ?

« Au cours des dernières années, des centaines d’organisations et de mouvements se sont engagés dans des luttes et différents types d’initiatives pour défendre et promouvoir la Souveraineté Alimentaire dans le monde. Beaucoup de ces organisations étaient présentes au Forum International Nyéléni 2007, au Mali, et se sentent membres d’un mouvement pour la Souveraineté Alimentaire plus large, qui considère la déclaration Nyéléni 2007 comme leur plateforme politique. Le Bulletin Nyéléni se veut la voix de ce mouvement international. Organisations impliquées: Development Funds, ETC, FIAN, Focus on the Global South, Food First, Les Amis de la Terre international, GRAIN, Grassroots International, IPC pour la souveraineté alimentaire, La Via Campesina, La Marche mondiale des femmes, Oxfam Solidarité, Radio Mundo Real, le Forum mondial des travailleurs de la pèche, VSF-Justicia Alimentaria Global. »

Dans ce numéro 20 de décembre 2014, le bulletin Nyéléni vous propose :

– un éditorial intitulé : « L’agroécologie paysanne, clef de l’ humanité et de la planète » ;

– des rubriques « Agroécologie en action » qui proposent un article sur la reproduction et l’échange de semences et un article sur l’agroécologie  comme modèle de production ;

– des rubriques « Sous les feux de la rampe », avec un article sur l’identité historique de l’agroécologie et son appropriation indue, un article sur  l’agroécologie face aux changements climatiques et un article sur l’Agroécologie comme modèle économique populaire et solidaire ;

– un article intitulé : « L’agriculture intelligente face au climat : un moteur puissant de l’économie verte »

Pour le consulter et le télécharger : http://viacampesina.org/fr/index.php/publications-mainmenu-30/1022-l-agroecologie-et-le-climat-la-nouvelle-edition-du-bulletin-nyeleni-est-maintenant-en-ligne

09/12/14

Baromètre de la faim 2014: l’agriculture familiale, première arme contre la faim dans le monde


À l’occasion de la Journée mondiale de l’alimentation, 15 organisations publient un « baromètre » pour sensibiliser à la lutte contre l’insécurité alimentaire.

La faim dans le monde recule. Près de 805 millions de personnes souffrent de ce fléau, soit près de 100 millions de personnes en moins en dix ans, selon le dernier rapport de la FAO [pdf]. « Des écarts importants persistent entre les régions. Globalement, c’est la région de l’Amérique latine et des Caraïbes qui a le plus progressé en matière de sécurité alimentaire; l’Afrique subsaharienne et l’Asie de l’Ouest, touchées par des catastrophes naturelles et des conflits, ont obtenu des résultats plus modestes », explique l’agence onusienne.

Pour le collectif d’une quinzaine d’organisations qui publie « le Baromètre de la faim 2014 », à l’occasion de la Journée mondiale de l’alimentation le 16 octobre, la principale solution reste le développement et la pérennisation de l’agriculture familiale. Cette dernière produirait 70% de l’alimentation mondiale et emploierait 2,6 milliards de personnes, selon l’Agence française de développement. Elle « désigne une pratique agricole où la famille prend les décisions en matière de production et d’organisation du travail, et possède une partie importante des moyens de production », comme Youphil.com l’expliquait récemment.

C’est par l’innovation sociale dans ce secteur que les territoires les plus pauvres peuvent se développer de façon responsable: en utilisant la terre tout en préservant la biodiversité, et surtout, en pouvant vivre dignement de son activité et développer l’emploi local. C’est le cas de nombreuses initiatives comme nous vous en présentons régulièrement, comme ces deux ingénieurs burkinabés qui ont développé un produit nutritif à base de chenilles pour lutter contre la malnutrition et donner de l’emploi à des femmes.

Problème: trois-quarts des personnes sous-alimentées sont des paysans qui nous nourrissent. Contre cette réalité, il faut « instaurer des règles éthiques sur les investissements agricoles ou les modalités d’acquisition des terres et des instances de contrôle contre toute forme d’investissement qui contribue à la violation des droits fondamentaux des agriculteurs et agricultrices et qui nuit à leur accès aux ressources naturelles », défendent dans leur tribune, les organisations Action contre la Faim, Acted, Banques alimentaires, Care France, Geres, ONE, Solidarités international SOS Sahel.

L’utilisation solidaire des surplus agricoles

Autre piste pour lutter contre la faim, selon le Baromètre: la solidarité. Celles des pays riches vers les pays pauvres avec, notamment, les programmes de la FAO qui tente de former de nouveaux agriculteurs au lieu de simplement leur distribuer de la nourriture. Celles des agriculteurs du Nord envers leurs concitoyens, également, lorsqu’ils reversent leurs surplus agricoles aux associations d’aide alimentaire. En France, par exemple, six millions de personnes étaient considérées en insécurité alimentaire en 2010 selon l’ONPES, alors que 3,5 millions de Français bénéficient de la distribution de nourriture.

Les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) visant à réduire de moitié la faim dans le monde (ou la « sous-nutrition chronique ») d’ici 2015, sont atteignables, selon les Nations Unies. Mais le gaspillage alimentaire des surproductions agricoles au Nord et le réchauffement climatique qui touche les paysans et leurs récoltes (à cause de la diminution des ressources en eau, par exemple) pourraient amplifier l’insécurité alimentaire. C’est pourquoi les ONG demandent que cet enjeu soit discuté lors de la Conférence sur le climat de 2015 à Paris (COP21). Ce n’est pas à l’agenda, pour le moment.

Source : http://www.youphil.com

13/10/14

L’agroécologie ne peut être que paysanne


On n’a jamais autant entendu parler d’agroécologie, et pourtant l’agriculture industrielle et intensive n’a jamais été aussi prégnante. C’est que les gouvernements, et en particulier le gouvernement français, « camoufle[nt] [leur] fuite en avant destructrice derrière le vocabulaire des alternatives. » Mais la seule agroécologie qui ait un sens doit être paysanne, sociale, écologique, et ancrée dans les territoires.


Nous souhaitons par cette déclaration rappeler aux participants du Symposium International sur l’Agroécologie pour la Sécurité Alimentaire et la Nutrition, organisé par la FAO les 18 et 19 septembre derniers, que l’agroécologie ne peut être que paysanne.

Elle n’est ni compatible avec les « services écosystémiques » ou la notion de « Capital Naturel », ni avec la présence de l’industrie agroalimentaire et chimique dans ce colloque.

Ces visions économiques de la nature ne servent pas les pratiques agroécologiques paysannes mais cherchent à ouvrir de nouveaux marchés aux multinationales qui en profitent pour redorer leur image. Ces alliances et l’agriculture qu’elles dessinent ne portent pas nos ambitions de justice sociale, mais au contraire en sapent les bases.

L’agroécologie paysanne n’est pas celle brandie par M. Le Foll

Nous, mouvements sociaux organisés, associatifs, syndicaux et professionnels français affirmons que l’agroécologie paysanne existe aujourd’hui. Nous sommes obligés de la qualifier d’« agroécologie paysanne » pour la distinguer de la campagne de communication du Ministère français de l’Agriculture et de son ministre, M. Stéphane Le Foll, qui brandit le drapeau de l’agroécologie dans le seul but de consolider une politique agricole à vocation majoritairement exportatrice, ainsi que sa volonté de « produire plus », y compris à des fins énergétiques.

En continuant de travailler avec les protagonistes du modèle agricole industriel, il ne contribue qu’à verdir une agriculture qui élimine les paysans et standardise toujours plus l’alimentation. Derrière le juste constat que le modèle agricole actuel est dans une impasse, se cache une vision purement technico-économique de l’agroécologie qui fait la promotion de pratiques qui n’ont rien à voir avec celle-ci.

La financiarisation de la nature

Pire, il y a une volonté de légitimer la financiarisation et l’appropriation de la nature. Les « services écosystémiques » sont marchandisés, la « biomasse » sauvage et cultivée est confisquée par des droits de propriété intellectuelle. La nature est mise sous brevet ! Ces objectifs sont incompatibles avec l’autonomie paysanne et la souveraineté alimentaire, éléments pourtant centraux de l’agroécologie.

Dans ce cadre, il n’est pas étonnant que rien ne soit fait pour agir sur le contexte politique et économique global qui détermine les choix agricoles et alimentaires. Ainsi, les politiques publiques et les échanges internationaux ne sont pas remis en question, la question foncière et les enjeux sociaux ne sont pas pris en compte.

Derrière le vocabulaire vert, le gouvernement ne change rien

De fait, en continuant à appliquer les mêmes politiques, le gouvernement français, au lieu d’offrir un cadre favorable aux pratiques paysannes agroécologiques, prend des décisions qui conduisent à l’exclusion progressive de celles et ceux qui les mettent en œuvre.

Dans cette agriculture qui se targue de vertus environnementales, les fermes à taille humaine continueront à être remplacées par des usines, les savoirs paysans par des technologies brevetées (comme les drones par exemple) et le travail humain par des machines ou des intrants chimiques.

Cette agriculture qui ne survit que grâce à une énergie fossile déclinante et l’exploitation grandissante d’une main d’œuvre précaire cherche son salut dans la « bioéconomie », pour le plus grand bonheur des multinationales et des marchés financiers. Elle camoufle sa fuite en avant destructrice derrière le vocabulaire des alternatives.

Défendre l’agroécologie paysanne partout à travers le monde

Ce à quoi nous sommes confrontés en France se reproduit dans de nombreux autres pays, aussi nous souhaitons partager avec les participants de ce Symposium international notre préoccupation et nos résolutions. Nous entendons défendre les valeurs et promouvoir les initiatives portées par les paysannes, les paysans et les acteurs du mouvement social ainsi que dénoncer les fausses solutions.

L’agroécologie paysanne est avant tout un corpus de pratiques vivantes porté par des mouvements sociaux avec un objectif politique commun : une agriculture sociale et écologique ancrée dans les territoires. Elle est partie prenante d’une dynamique de transformation sociétale globale qui touche tous les secteurs d’activité : nous en sommes les principaux acteurs !

Signataires :