L’engagement pour la protection de la biodiversité et pour le droit de semer

Depuis des siècles et des siècles, soit environ 16 000 ans que l’humain c’est fait agriculteur, il a sélectionné année après année, les plantes en fonction de son climat, de son terroir et de ses besoins.

Il y a quelques années la donne a changé, les petits paysans devenant des agro-industries, ces agro-industries ont réussis à obtenir de la plupart des gouvernements dans le monde le monopole du marché de la graine, mettant en place des brevets d’obtention variétales, il s’agit dans l’ensemble d’ hybrides F1 ou de clones chimériques, les OGM. Ces plantes, que l’on ne peut reproduire, soit pour des raisons physiques à cause de leurs caractères dégénérescents, soit pour des raisons législatives, puisqu’il a été imposé l’ inscriptions des variétés dans des catalogues officiels nationaux, plongeant alors les paysans dans l’ esclavagisme du marché afin de faire du profit au détriment du patrimoine de l’ humanité, notre bien commun le plus précieux. Le jugement rendu le 12 juillet 2012 par la cours de justice de l’union européenne a calmé nos espoirs en ce qui concerne la préservation des variétés anciennes non inscrites dans les catalogues officiels, alors que l’Association Kokopelli était poursuivi par le semencier Baumaux pour concurrence déloyale.

L’association vendait des graines à des jardiniers amateurs, similaires pour 233 d’entre elles aux produits Baumaux, mais ne se trouvant pas dans les catalogues. La cours considéra que l’Europe avait raison d’imposer l’obligation de ne commercialiser que des semences de légumes recensées d’autant qu’elle prévoit des dérogations pour les semences anciennes.

Hors, inscrire une variété coute très cher, environ 6000 euros pour une céréale, y faire inscrire un légume ancien est certes moins couteux, cependant les petits paysans ne peuvent se le permettre, d’autant plus que les dérogations prévues pour ces variétés empêchent souvent la commercialisation de celle-ci, quand elles ne sont pas considérées comme insatisfaisantes aux conditions d’inscription des dits catalogues….

Quand le paysan sélectionne pour la diversité, les multinationales le font pour l’uniformité, Quand le paysan cherche la fiabilité, les multinationales cherchent à nous rendre vulnérable, Quand le paysan favorise le gout, les multinationales fabriquent pour leur rentabilité un système de nourriture globalisé.

De la quantité sans la qualité et du poids privé de nutrition, ne peuvent être qualifiés d’alimentation.

« Que ton aliment soit ton médicament » disait Hypocrates !!! Nous pouvons constater qu’ à vouloir nous faire manger des aliments morts, cela engendre des maladies, favorisant de ce fait les actions financières des industries pharmaceutiques et que tout ceci est un conflit d’ intérêt qui n’ ira jamais en faveur des peuples !! On peut s’apercevoir que la mainmise sur la nourriture des hommes permet d’asservir facilement ceux-ci.

Pour exemple, après que les accords internationaux sur la protection des droits intellectuels (ADPI) conclus dans le cadre de l’OMC et négociés au cours du cycle d’Uruguay de 86 à 94, un représentant de chez Monsanto a déclaré, je cite : « Lorsque nous avons conclus ces accords, nous étions à la fois le patient et le médecin conférant le diagnostic et la thérapie ».

Les multinationales ont donc décidé de nous diagnostiquer une incapacité à conserver nos semences…

Indéniablement une fausse excuse quand on veut bien voir leur désir de monopole et de contrôle sur les êtres vivants !!

90% des semences leur appartiennent !! Si l’on supprime tous les hybrides et les OGM des grands groupes semenciers, il ne reste aujourd’hui quasiment plus rien de reproductible à l’humanité !!

Ces variétés uniformisées sont bien évidement exemptent de qualités nutritives et surtout de la force de vie leur permettant de donner le meilleurs d’ elles même sans adjonction de produits chimiques, encore moins de donner naissance à des enfants fertiles… Ces plantes sont vouées à la mort, entrainants avec elles les subtiles maillons de ce qui est appelée « la chaine alimentaire ». N’aimant pas ce terme je préfère parler de « cycle de la vie », de la magie des symbioses entre les êtres vivants !!

Les semences pourtant, sont naturelles et en perpétuelle évolution. Vouloir poser sur elles des brevets est immoral car elles font partie de la grande famille du vivant terrestre. Lorsque nous conservons ces semences, nous retrouvons et nous régénérons également la connaissance de la sélection, de la conservation du vivant, de l’alimentation et de l’agriculture. Plus grande est la diversité sur une ferme, et plus élevés sont les revenus des paysans, et la valeur nutritive à l’hectare !! Aujourd’hui la liberté des hommes d’évoluer avec la nature est menacée, la menace sur la liberté des semences remet en cause l’essence même de la vie humaine et de la vie de la planète.

Les vingt dernières années ont vu une érosion très rapide de la diversité des semences, de la capacité à les reproduire, ainsi que leur contrôle par une poignée de multinationales.

Pour le référendum concernant l’étiquetage des OGM en Californie, les lobbies, Monsanto à leur tête dépensent des millions de dollars pour empêcher les citoyens à leurs droits à la connaissance et au choix. Il est donc important de retrouver l’autonomie semencière pour la sécurité alimentaire, à l’avantage des peuples paysans à travers le monde.

La vérité émerge lentement, en exemple, un rapport du ministère Indien, indique que jusque 2003, environ 100 000 fermiers se sont suicidés en six ans en Inde. Ces dernières semaines, 1500 fermiers se sont donnés la mort collectivement dans la province de Chhattisgarh, les chiffres officiels font état de 1000 suicide par mois depuis plus de quinze ans dans ce pays, en cause, l’endettement des paysans lié à l’achat de semences OGM soit disant miraculeuses, qui se révèlent catastrophiques.

L’Inde a accepté d’ouvrir totalement son marché aux agro-industries, depuis lors, les paysans sont livrés aux promesses des vendeurs de semences magiques : « Les rendement devait être exceptionnels, les insectes et maladies faire partie du passé. Les variétés traditionnelles ont même été interdites dans de nombreuses banques de semences gouvernementales. Mais pour toucher le Jackpot, il fallait débourser dix fois plus pour la même quantité de graines… Sauf que les plantes génétiquement modifiées sont tombées malades, entrainant avec eux les fermiers à la misère…

Après cette mise en évidence de la situation globale qui pourrait bien devenir insoutenable pour l’ ensemble des individus et du vivant, il est crucial de chercher les solutions à mettre en place dans l’ objectif de contrer ces lois liberticides, je suis sûre que vous avez pris, ou que vous prendrez conscience de l’urgence de la situation, tout aussi intimement que moi-même , et que vous comprendrez qu’ il est temps d’ unir nos forces pour recouvrer nos semences et pour protéger la liberté et la diversité du monde vivant.

Suite à ce bref examen de la situation générale, je vais me présenter afin de vous faire part de mes aspirations, de mon travail et de mon expérience ici. Je m’appelle Nathanaëlle, il y a huit ans encore je vivais en agglomération proche de Paris, avec le sentiment d’être déconnectée dans un environnement semblant demeurer hostile au monde vivant, dans lequel beaucoup des individus que je côtoyais me paraissaient avoir oublié leur nature profonde d’ « être ». Ce qui me permettait à l’époque de ne pas couper le lien à la terre était un cheval, pour lequel je m’octroyais des évasions, le temps d’un samedi ou d’un dimanche après-midi vers la campagne proche, le plaisir d’une balade libératrice, d’un contact régénérant avec la nature, avec cet animal débordant d’énergie !! Pour info il est toujours à mes côtés !! Donc je vivais en ville, en appartement, noyée dans la grisaille environnante, et pouvant constater consciemment que je m’y perdais, que ma véritable essence d’être s’éteignait en moi, j’ai senti le désir, que dis-je ? Le besoin vital de renouer avec la source, ce retour qui fait souvent défaut dans nos sociétés apparemment évoluées !! Apparemment !!!

Et puis il y a sept ans de ça, en 2006, alors que j’avais perdu l’espoir de vivre en harmonie avec les éléments, la vie en réponses à mes attentes, m’a offert la possibilité de me reconnecté avec tout ce qu’elle possède de surprenant !!! J’ai eu l’opportunité de tout changer !! De prendre un nouveau départ en m’installant dans la magnifique campagne du Berry !! Bien sûr cela me demanda du courage !! Tout quitter pour m’installer dans une région totalement inconnue, loin de tout ce qui avaient été jusque-là mes repères, aussi tronqués étaient-ils, n’était pas chose simple. En m’accrochant vaille que vaille à mes idéaux, j’ai su persévérer et transformer alors radicalement ce qui faisait mon quotidien. Après avoir installé mon cheval dans un coin de ce nouveau jardin, qui allait sans que je m’en rende compte vraiment, changer à tout jamais le sens que je donnerais à mon existence, j’ai commencé à gratouiller la terre !! Morceau après morceau, trois plant de tomates par ci, quatre salades par-là, ainsi que quelques fleurs plus tard, je sentais monter en moi l’appel que semblait m’envoyer la terre !!! Je l’ai écouté et n’ai jamais renoncé à capter cet appel, agrandissant mes parcelles années après années, testant la permaculture, l’agroforesterie et les diverses méthodes de l’agriculture biologique, cultivant avec amour, tout en découvrant des variétés qui semblaient venues du fond des âges, qui avaient l’air de chanter encore le son inaudible que mon cœur pouvait percevoir, le chant de la vie et de l’essence véritable que sont l’énergie et la beauté de tout ce qui est. J’ai ainsi continué la recherche boulimique de plantes potagères colorées, rares et étranges que l’on ne trouve plus si facilement de nos jours.

Après ces quelques années de découverte tâtonneuse il est devenu évident qu’au fond de moi, j’étais une de ces gardiennes du plus précieux trésor qui ai jamais été pour l’humanité, j’ affirme haut et fort oui, que la graine est le plus important trésor que nous ayons, car elle est le premier maillon de la chaîne alimentaire, l’ingrédient essentiel à la pérennité de la vie sur terre. Devenir femme semencière a été pour moi la révélation suprême de la vie qui m’a été offerte, cette tâche n’est pas des moindre, elle consiste à avoir une solide connaissance des différentes façons qu’on les plantes de se reproduire, elle est une grande responsabilité pour les générations à venir, elle est depuis la nuit des temps le gage de notre survie.

J’ai donc en avril 2012, créé une petite association « Potage&gourmands », qui a pour but d’ apprendre à cultiver, à faire se reproduire et à diffuser auprès du public le plus large possible, des variétés anciennes de légumes, en voie d’ extinction au profit des hybrides et des plantes GM des lobbies de l’agro-industrie. Aujourd’hui c’ est plus d’une centaine de variétés de tomates que nous avons à semer, ainsi que beaucoup d’ autre type de légumes, nous n’ en sommes bien sûr qu’ a l’ ébauche de notre projet, que nous ne demandons qu’ à développer un peu plus avec le temps. C’est pourquoi avec mon ami nous avons décidé d’acquérir une ferme sur un peu plus de deux hectares pour commencer, puis, peut être une possibilité d’extension autours, d’ un côté je continuerais à perfectionner la reproduction de plantes potagères, je n’ en suis qu’ au début et je crois qu’ il faut plusieurs années avant de bien maitriser ce domaine, complexe des différents mode de sexualité des végétaux, ainsi que les interventions manuelles. De l’autre côté, mon ami étant très porté vers le maraîchage bio, nous allons nous orienter aussi dans ce sens sur une demi surface minimum d’ installation pour commencer, soit un demi hectare !! Nous avons beaucoup d’ idées à mettre en pratique, tout est possible pour nous à présent, nous pensons faire dans un premier temps, des tests avec les différentes méthode de culture, potager plein champs, permaculture sur buttes, agroforesterie etc. afin de progresser dans notre travail et de pouvoir en vivre !!

En 2012, moins de six mois après la création de l’association «Potage&Gourmands », et suite au compte rendu inquiétant de l’union européenne au cours de l’ été 2012 dont je vous ai parlé plus haut, en collaboration avec un ami de Paris dont la spécialité est la recherche d’ informations viables à partager avec le public, nous avons mis au jour une page à caractère informatif sur le réseau social facebook « Nature to share » !! Avec une forme de propagande activiste je l’avoue, car face à des groupes extrémistes, nous nous devons d’être assez radicaux aussi dans nos idées, la principale ligne directive de la page est de partager toutes les actualités concernant de prêt ou de loin les domaines de l’alimentation, de l’agriculture et de l’écologie.

Nous mettons en avant d’ une part les aberrations des systèmes de production intensif, par exemple, l’injustifiable mise en avant des OGM, à savoir que cet été, le célèbre prix « World Food Prize » « traduit prix mondial de l’alimentation », vient d’être décerné à un scientifique, vice-président de chez Monsanto, pour ses recherches sur les OGM. La biotechnologie aurait permis de lutter contre la pauvreté et la faim dans le monde en plus d’être un mode de culture durable. Une farce ? Malheureusement non….

D’ autre part, nous essayons de contrebalancer avec les alternatives positives en réponse au naufrage agricole, tel que les Incroyables comestibles, l’agriculture bio, les faucheurs volontaires d’OGM ainsi que toutes les initiatives citoyennes visant à rééquilibrer la donne. Nature to share a dépassé toutes mes attentes, plus de 15 000 personnes s’y sont abonnés en à peine un an d’existence, par cette voie, j’ai aujourd’hui la possibilité de largement diffuser mes aspirations et de rencontrer d’autres acteurs importants du changement global de paradigme.

On pourra me qualifier d’utopiste, je le prendrais comme un compliment ! On peut me dire que je ne changerais pas le monde, qu’il est ce qu’il est et que nous devons l’accepter, je n’en crois rien, ayant amorcé en moi le changement, je me rends compte qu’en assumant chacun notre part de responsabilité envers les êtres vivants, nous avons le pouvoir d’agir sur les évènements en notre faveur !! Cette mission semencière que je me suis créé, me met à présent dans l’illégalité, montrer l’exemple d’une forme pacifique de désobéissance civile est la première pierre à la résistance que nous pouvons mettre en place pour conserver notre autonomie et sauver ce qui peut encore l’être du patrimoine vivant de notre planète !!

J’espère que vous serez sensibles à cette démarche, j’ai vocation à semer ces petites graines de vie pas seulement dans mon jardin, mais aussi dans l’esprit des gens, en souhaitant qu’elles fassent germer en eux le désir de participer au changement, dans l’élévation pour commencer de leur for intérieur, puis dans l’ accomplissement de leur vrai nature d’ homme créateur, ensuite il sera beaucoup plus simple pour eux de rayonner sur leurs proches et de semer à leur tour les graines fertiles de l’ espoir et de la paix. Nous ne sommes pas une goutte dans l’océan, nous sommes l’océan tout entier dans une seule goutte…

Nathanaëlle

28/10/13